Symbolism
Oeuvres françaises de Yukio Saotomé
Par quel mécanisme idéologique et intellectuel Yukio Saotomé change-t-il, si brutalement,de direction vers 1970. Il faut clarifier la situation personnelle du peintre à l'époque, ainsi que ses enjeux réels. Pendant la décade 1960-1970, malgré son engagement dans l'avant-garde japonaise, Yukio Saotomé demeure fasciné
par deux grandes polarités artistiques. D'une part, la figuration surréaliste de René Magritte et d'autre part
les suggestions venant de l'Art français de l'entre-deux-guerres.
Ainsi,une exposition personnelle attire Yukio Saotomé à Paris en 1975. L'exposition composée de tableaux hyperréalisme par pinceaux, se tient à la Galerie Morantin, rue de l'Université.Son contact avec le public parisien est d'emblée très positif. De suite,en 1976 l'exposition intitulée "Peintres Nouveaux" organisée par l'Institut Franco-Japonais de Tokyo, confirme la voix choisie, qui se prolongera tout au long de sa carrière.
Une figurationprécise est achevée dans laquelle les légendes, les mythes,le réel et l'artifice baroque se mé-
langent dans une unité parfaitement maîtrisée. Souvent ces images ont comme toile de fond une ambiance ouvertement néo-symboliste. Le symbolisme de fin du XIXe siècle,celui de Fernand Khnopff, de Delville ou encore de Puivis de Chavannes.Mais le symbolisme peut conduire par chemins non détournésà des formes "surréalistes". Cela ne sera pas sans conséquences pour son art, comme le prouvera sa production des décades 1980-1990 et bien au-delà.
Ce qui est visible, incontestable, dans toute la recherche de Yukio Saotomé, c'est la clarté et la cohérence
qui soutiennent sa peinture depuis plus de trente ans. Hostile,méfiant devant le modernisme technologique
ou autre, il a poursuivi un itinéraire dont les frontières ne font que s'élargir. Une figuration ouverte à toute influence onirique, culturelle ou bien formelle. Son approche n'est pas ancrée vers l' expérimentation du pouvoir interne de l'image dans toutes ses acceptions.Sans limites préalables.Un discours pictural toujours percutant, intelligible aussi bien dans son énoncé que dans ses complexes articulations.
En définitive, une pensée plastique qui ne cesse de se questionner. De questionner.
Charles Sala